Alors que le réchauffement climatique bouleverse les équilibres économiques mondiaux, la finance verte s’impose comme un vecteur incontournable de transformation durable.

25 juillet 2025 • FED Group • 1 min

En Suisse, cette tendance n’est pas simplement un effet de mode, mais une évolution structurelle qui redéfinit les pratiques d’investissement, les critères de rentabilité et les besoins en compétences dans le secteur financier.

Une définition ancrée dans la durabilité environnementale

La finance verte fait partie intégrante de la finance durable, qui regroupe l’ensemble des pratiques financières intégrant des critères ESG – environnementaux, sociaux et de gouvernance – dans les décisions d’investissement. Plus spécifiquement, la finance verte se concentre sur les projets à impact environnemental positif, qu’il s’agisse de la transition énergétique, de la mobilité douce, de la protection de la biodiversité ou encore de la construction durable. Elle mobilise des outils tels que les obligations vertes, les investissements à impact et les produits d’épargne responsables.

En Suisse, cette définition est désormais largement acceptée, tant par les acteurs bancaires que par les investisseurs institutionnels. Elle est soutenue par une volonté politique forte et par une réglementation en constante évolution, qui impose une transparence accrue sur les produits financiers et leurs retombées écologiques.

Une ambition nationale assumée et structurée

Le Conseil fédéral a placé la finance durable au cœur de sa stratégie économique. En 2022, il a présenté un plan d’action en quinze mesures, réparties autour de quatre axes majeurs : améliorer la qualité des données ESG, renforcer la transparence des acteurs financiers, encourager les financements à impact et favoriser une tarification efficace des externalités environnementales. Ces mesures visent un objectif clair : faire de la place financière suisse un pôle d’excellence international en matière de finance durable.

Cette ambition est également portée par les principales institutions du pays. La Swiss Sustainable Finance (SSF) a par exemple contribué à créer un écosystème favorable à l’investissement responsable, tandis que la Fondation Ethos œuvre depuis plus de deux décennies à sensibiliser les caisses de pension aux enjeux ESG. Du côté des autorités de régulation, la FINMA a intégré les risques climatiques dans son cadre prudentiel, imposant aux établissements financiers une prise en compte explicite de ces facteurs dans leur gouvernance et leur gestion des risques.

Une croissance soutenue et des chiffres révélateurs

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2023, les actifs sous gestion relevant de la finance durable atteignaient près de 716 milliards de francs suisses, soit plus de 21 % du total des actifs gérés dans le pays. Ce chiffre dépasse largement la moyenne mondiale, estimée à 11 %. Les fonds de pension et les compagnies d’assurance se montrent particulièrement actifs, avec un taux d’adoption avoisinant les 31 %.

Sur le segment des financements verts, la dynamique est également positive. L’étude "Nature Finance", récemment publiée par SwissBanking, estime les besoins de financement à 5,3 milliards de francs suisses par an jusqu’en 2050 pour répondre aux enjeux de transition écologique dans des domaines comme l’agriculture régénérative, la gestion de l’eau ou la foresterie durable.

De nouvelles attentes sur le marché de l’emploi

Cette montée en puissance de la finance verte ne se limite pas à une transformation des flux financiers. Elle impacte aussi profondément les compétences attendues dans le secteur. Les institutions financières recherchent de plus en plus de profils capables de comprendre les mécanismes ESG, de mesurer l’impact environnemental d’un portefeuille ou d’élaborer des produits financiers responsables.

Les métiers de l’analyse ESG, du reporting extra-financier, de la gestion d’actifs durables ou encore de l’ingénierie financière verte sont en forte croissance. Les formations spécialisées se développent, notamment au sein des universités et écoles suisses, pour répondre à cette demande nouvelle. Pour les professionnels de la finance, il s’agit d’une opportunité stratégique de se repositionner sur un secteur d’avenir, porteur de sens et de valeurs.

Voir aussi : Pourquoi travailler dans le domaine de la finance d’entreprise

Une place financière suisse en mutation

Sur le plan international, la Suisse consolide sa position de leader. Zurich se hisse désormais à la deuxième place mondiale dans le Global Green Finance Index, juste derrière Londres, tandis que Genève, longtemps en tête, reste dans le top 5. Ce repositionnement reflète l’attractivité croissante de la place zurichoise auprès des investisseurs engagés, mais également l’adaptabilité des institutions suisses face aux nouvelles exigences du marché.

Les initiatives locales se multiplient : lancement d’obligations vertes par les cantons, incitations fiscales à l’investissement durable, développement de fintechs dédiées à l’impact investing… Tout cela contribue à faire de la finance verte un levier stratégique à la fois économique, écologique et social pour la Suisse de demain.